Depuis 21 ans, et ce chaque année, l’association Hirondelle organise sa traditionnelle Fête des Jardins Naturels à la Bernerie-en-Retz (44). Un événement animé dans la joie et la bonne humeur autour des valeurs et des bonnes pratiques pour un jardin beau, naturel, et source de biodiversité.
Dimanche 6 octobre 2024 Hirondelle fête sa traditionnelle fête des Jardins Naturels au Square Thibault à La Bernerie-en-Retz sur le thème de l’eau.
Au programme : bourse aux plantes, vente de végétaux, marché bio, artisanes et artisans locaux, producteurs et productrices locales, expo photo, animations et plein d’autres surprises !
Qu’est-ce qu’un jardin dit « naturel » ?
Il ne le sera peut-être jamais complètement mais il peut tendre vers le qualificatif si vous suivez les bonnes astuces, la première étant souvent d’en faire le moins possible. En effet, l’on peut définir un jardin comme « naturel » lorsque l’espace est véritablement partagé avec les autres êtres vivants non humains grâce à une intervention humaine plus que minime. La nature s’organise et accueille le vivant avec tout le nécessaire, comme elle sait si bien le faire depuis des milliards d’années.
Ainsi, même à une toute petite échelle, en laissant place aux savoir-faire ancestraux de la nature, il est possible de reproduire un biotope (milieu naturel local) adapté à la faune et à la flore locales afin d’offrir à la fois un refuge, un gîte mais aussi un couvert dignes de ce nom au vivant.
Vous vous en doutez, les êtres vivants du Pays de Retz n’ont pas forcément les mêmes besoins que ceux des Alpes ou de la Normandie. Au fil de l’évolution, les plantes ainsi que tous les autres êtres vivants se sont adaptés et spécialisés en fonction de l’endroit où ils vivent (climat, sol, interactions avec les autres vivants etc.). Au fil du temps chaque espèce trouve une « place » et un « rôle » pendant plus ou moins longtemps au sein d’un écosystème pour y trouver de la nourriture, se développer, faire ses petits etc. c’est ce que l’on appelle une niche écologique.
Ainsi, rien de mieux que des plantes sauvages indigènes qui poussent spontanément sur les sols de nos contrées, adaptées à nos climats, pour nourrir nos insectes locaux (eux aussi adaptés à ces plantes). Ces insectes ainsi nourris correctement nourriront à leur tour d’autres animaux (poissons, amphibiens, oiseaux, petits mammifères) qui seront eux-mêmes probablement mangés par d’autres.
Si par malheur, un lien se brise dans ce réseau complexe et précieux par la présence de pesticides, d’une tondeuse hyperactive, d’une pollution, d’une artificialisation du sol ou par des envies un poil trop ornementales d’un jardinier, l’écosystème jardin est touché, déséquilibré et parfois se vide de ses habitants.
© Photo : allée fauchée à la faux, dans le jardin d’Eric Lenoir
Les plantes cultivées artificiellement que l’on trouve en jardinerie ne sont que très rarement de chez nous. Pire, elles peuvent même être des espèces invasives (comme le yucca par exemple). Loin de s’arrêter à la frontière de votre jardin, ces espèces peuvent prendre la place d’autres ailleurs, chez votre voisin.e ou encore sur des espaces naturels protégés et sensibles environnants et perturber parfois de manière dramatique les écosystèmes. Un conseil ? Privilégiez toujours les plantes indigènes, c’est-à-dire les locales, les sauvages, les plus nourrissantes et adaptées pour la faune de notre jardin !
Si vous n’avez pas la chance de bénéficier d’un jardin, grâce à une adhérente, l’association Hirondelle dispose d’un petit écrin de verdure de 350 m² à Pornic entretenu par les bénévoles du groupe jardin. Visites toute l’année chaque jeudi entre 10h et 12h (jour de marché à Pornic), et d’avril à août, également le dimanche aux mêmes horaires.
Sols tondus, sols foutus ?
Les récentes sécheresses nous le montrent, les sols tondus résistent bien moins au manque d’eau et aux chaleurs spectaculaires (phénomènes qui vont se multiplier à l’avenir…). Privés de grandes plantes qui leur font de l’ombre, la terre est mise à nue et la vie du sol est dévorée par les UVs. La chaleur accélère l’évaporation de l’eau, puis, aidée par le vent, le sol ainsi asséché devient poussière et fini emporté au loin. Si une violente pluie orageuse frappe ces sols asséchés, non seulement l’eau ne pénètre que trop difficilement dans les couches profondes du sol mais ce sont en plus des couches entières qui peuvent être lessivées en quelques minutes (NB : selon les climats, un sol peut mettre entre 100 et 10 000 ans à arriver à maturité). De plus, si le fruit de la tonte n’est pas laissé sur place à se décomposer tout ce que les plantes auront puisé dans le sol en nutriments ne lui sera jamais rendu. Résultat, le sol s’appauvrit, ses habitants n’ont presque plus rien à manger, les plantes non plus, et c’est la biodiversité dans son ensemble qui peut être touchée.
Ainsi, moins tondre c’est laisser la banque de graines du sol parler pour vous et nourrir sans effort la biodiversité locale. À votre échelle déjà, par un acte aussi simple, il est possible de donner un coup de main au vivant qui en a tant besoin. Au jardin comme sur les espaces verts de nos communes, il est possible de laisser de la vie en incitant aussi nos élu.es à mettre en place toutes ces bonnes astuces.
La vie du sol ?
Le sol, cet inconnu que nous piétinons chaque jour est pourtant rempli de vie. Il héberge 25% des espèces vivantes connues à ce jour dans le monde, rien que ça ! Le sol héberge des milliards d’êtres vivants, tout un tas d’animaux et surtout de micro-organismes. Sans eux, il n’y aurait aucune plante sur terre, aucun herbivore et aucun être humain non plus. C’est grâce à toute cette vie que la matière organique est décomposée et que les nutriments sont libérés et disponibles pour la végétation. Le sol est tout bonnement l’origine du monde !
Dans un 1gramme de sol, vous avez plusieurs milliers d’espèces de bactéries, un bon millier d’espèces de champignons et des centaines d’espèces d’amibes (organismes unicellulaires prédateurs dans le sol). La diversité biologique du sol assure tout simplement le bon fonctionnement de l’ensemble des écosystèmes terrestres. Vous l’aurez compris, si vous souhaitez un jardin vivant, nourrir le sol (et non les plantes) est la première chose à faire.
Astuces de Julien Perrot pour un jardin naturel et sauvage !
Le Jardin « punk » de l’éco-paysagiste Éric Lenoir
Auteur du désormais célèbre « Petit traité du jardin punk : apprendre à désapprendre » aux éditions Terres Vivantes, Éric Lenoir propose une approche écologiste et militante pour remettre en question notre vision traditionnelle du jardinage.
Le jardin punk d’Éric Lenoir est un refuge de biodiversité profondément vivant où la vie sauvage y prend toute sa place. C’est aussi une invitation à porter un regard nouveau sur ce qui nous entoure pour l’investir autrement. Il s’agit de peut-être moins agir et intervenir systématiquement et d’inviter un peu plus la biodiversité en si grand danger d’extinction, à venir se réfugier dans nos jardins. Autrement dit, une invitation à retrouver la beauté d’un jardin sauvage et profondément vivant.
Bibliographie pour aller plus loin et préparer votre jardin !
Livres :
- Eric LENOIR, Petit traité du jardin punk, éditions Terres Vivantes
- Vincent ALBOUY, Favoriser la biodiversité au jardin, édition Mosaïques santé
- Vincent ALBOUY, Accueillir la faune sauvage au jardin, éditions Ulmer
- David MELBECK et Sylvain LEPAROUX, Agir pour la nature au jardin, éditions La Salamandre
- Sandrine PETIT et Claire LAVIGNEPaysage, Biodiversité fonctionnelle et santé des plantes, éditions Quae
- Vincent ALBOUY, Plaidoyer pour les mauvais herbes, éditions Édisud
- Noémie VIALARD, Le Jardin spontané, éditions Delachaux et Niestlé
- Marc-André SELOSSE, L’origine du monde, Actes-sud
- Perrine DULAC et Frédéric Signoret, Paysans de Nature, réconcilier l’agriculture et la vie sauvage, éditions Delachaux et niestlé
- Gérard BOINON, Le Berger des mésanges bleues, éditions Héraclites
BD :
- Simon HUREAU, L’Oasis, éditions Dargaud
- Marc-André SELOSSE, Sous-Terre, éditions Dargaud
- Hubert REEVES, La Biodiversité, éditions Le Lomard Eds