Actu du moment : Le cycle de l’eau

En 2024, Hirondelle souhaite parler de l’eau. L’eau : soit elle manque cruellement, soit elle débarque en trop grande quantité « chez nous » sur nos milieux naturels fortement anthropisés. La faute au réchauffement climatique là encore ? Oui, mais pas que. Le réchauffement ne fait peut-être que révéler davantage notre méconnaissance du cycle de l’eau et les mauvais usages que l’on en fait. En plus de cette envie irrépressible de dompter ce bien commun, nous avons tant et si bien modifié nos milieux naturels que certains mécanismes écologiques présents depuis la nuit des temps qui permettaient de gérer notamment les perturbations naturelles (crues, fortes précipitations, sécheresses…) fonctionnent mal voire plus du tout. Ainsi, depuis janvier 2022, la 6e limite planétaire (sur neuf), celle du cycle de l’eau, a été dépassée.

Mais alors, que faire et quels sont les enjeux qui existent autour de l’eau pour l’ensemble du vivant, humains compris ? Eléments de réponse grâce notamment à l’ouvrage de Charlène Descollonges « L’Eau, fake or Not » aux éditions Tana.

De l’eau de pluie, de l’eau de là-haut

L’eau, origine de la vie

Nous ne savons pas précisément comment l’eau est apparue sur Terre mais nous savons que « rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme » (merci Antoine) et pour ce qui est de l’eau, ça s’applique plutôt bien car elle connait 3 états physiques différents sur Terre : solide, liquide et gazeux. L’eau, sur notre planète bleue, recouvre 71 % des 510 millions de km² de la surface du globe. On estime ainsi son volume à environ 1,4 milliards de km3. C’est à en donner le tournis.

Il y a 3,8 milliards d’années – moment où la vie serait apparue sur Terre- les premières cellules procaryotes* sont apparues dans un mélange d’eau, d’acides aminés et d’énergie lumineuse. Une très bonne recette que les scientifiques ont baptisée « la soupe primitive » à l’origine de la vie sur Terre. Puis il faudra attendre plus d’1 milliard d’années pour voir apparaître les premières cellules en capacité de faire la fameuse photosynthèse* qui apportera alors du dioxygène (O2) dans l’atmosphère et permettra ainsi à la vie de se développer sous la forme que nous lui connaissons à ce jour.

Ce n’est pas pour rien si les zones humides terrestres – marais, lacs, tourbières, prairies humides, rivières – présentent une richesse naturelle sans égale en matière de biodiversité. La vie est intrinsèquement liée à l’eau. Tant et si bien que lorsque l’on cherche des planètes habitables dans le reste de l’univers, c’est l’eau que l’on recherche en premier.

Nous autres humains, membres du grand cortège des êtres vivants de cette planète nommée Terre, sommes ainsi composés aux 2/3 d’eau environ, comme à peu près le reste de nos cohabitants terrestres.

Le phytoplancton est constitué de myriades de petites cellules souvent invisibles à l’œil nu peuplant la surface des mers et des océans et capables de faire la photosynthèse.
C’est notamment grâce à lui que les océans sont des puits de carbone.
Apparus il y a 3,5 milliards d’années, ces micro-organismes font partie des premiers êtres vivants de notre planète.

Le cycle de l’eau, petit rappel à nos cerveaux embrumés

Vous souvenez-vous du fameux schéma du cycle de l’eau que nous avons presque tous et toutes vu à l’école ?

Vous savez le cycle qui illustre : évaporation et transpiration des plantes => condensation => précipitations, et c’est reparti à l’infini…?

Et bien vous pouvez l’oublier en grande partie, car il s’avère assez incomplet et donc plutôt faux.

Schéma simpliste du cycle de l’eau

En effet, ce schéma ne fait pas apparaître l’ensemble des différentes eaux présentes sur Terre ni « l’empreinte eau » des humains qui, par leur utilisation gigantesque, ont un impact majeur sur l’ensemble du cycle de l’eau. Enfin, les effets du réchauffement climatique n’y sont pas représentés non plus.

Reprenons un peu les bases : la quantité d’eau reste la même sur Terre malgré le changement multiple et répété de son état (liquide, solide et gazeux), et ce, depuis 4 milliards d’années environ. Les scientifiques parlent du principe de « conservation de la masse ».

Cette eau, on la retrouve dans 5 réservoirs sur Terre :

1 ֎ Les Océans : le plus grand des réservoirs, 97,5% de l’eau disponible, eau salée

2 ֎ Les glaces : calottes polaires / glaciers, 2% – la plus importante réserve d’eau douce

3 ֎ Les lacs et rivières (zones humides), 0,5% qui se partagent entre les eaux de surface <0,01% et les eaux souterraines

4 ֎ L’atmosphère, qui influence la météo en créant de la pluie, de la grêle, de la neige < 0,001%

5 ֎ Et enfin, le plus étonnant, mais l’oublier serait faux : NOUS les vivants. Et oui, les animaux humains et non-humains, les plantes, les champignons, sommes composés aux 2/3 d’eau environ. Comme il est aussi fort probable que nous venions tous et toutes des océans à l’origine, rien d’étonnant.

« L’eau douce suit un cycle à la fois fermé et infini. Dans la Nature elle passe d’un réservoir à un autre via des flux plus ou moins rapides. L’eau suit un mouvement perpétuel mais elle ne se crée pas. Elle chemine sans cesse pour revenir à l’océan, puis elle en repart pour recommencer son cycle complet. » Charlène Descollonges, hydrologue

Tous ces réservoirs sont profondément interconnectés. Si l’on en perturbe un ce sont les cinq autres qui peuvent l’être aussi. C’est la formidable interconnexion d’absolument tout sur Terre qui est à l’œuvre. Ainsi, l’eau se faufile, se transforme et passe d’un réservoir à l’autre au cours de sa vie sous des états différents. Elle transporte avec elle des nutriments, de la matière organique, des minéraux, et même des organismes vivants ; l’eau forme ainsi plusieurs hydrosystèmes*. L’eau peut bouger vite, elle ne reste par exemple dans l’atmosphère que quelques jours, 8 à 10 tout au plus, mais elle peut aussi être stockée longtemps, pendant des milliers d’années, dans les glaciers ou dans les nappes fossiles.

Brume au-dessus d’une forêt

LE SAVIEZ-VOUS ? Une partie de l’eau de pluie n’atteindra jamais le sol car elle sera interceptée par les feuillages, les branches et les troncs des végétaux. Si non évaporée et donc absorbée par les végétaux, l’eau sera presque aussitôt transpirée. Ainsi, un arbre mature dans une forêt peut transpirer jusqu’à 500L d’eau par jour. En plus de cette capacité, il a été prouvé que les forêts naturelles créent des zones de basses pressions qui attirent l’air humide, qui se condensent, et font pleuvoir. Les forêts sont ainsi faiseuses de pluie !

Mésange bleue s’abreuvant au jardin
Abeilles s’abreuvant grâce à leur langue
Pigeon biset s’abreuvant à une source artificielle en ville

L’eau douce, à l’origine de notre survie

Vous l’aurez compris, le réservoir d’eau reste le même sur la planète, mais alors pourquoi autant d’alertes de pénurie d’eau de la part des scientifiques notamment des hydrologues ?

C’est l’eau douce qui inquiète le plus. Vous savez, cette eau qui ne représente précisément que 2,8% de l’eau de la planète, et bien c’est elle dont nous avons besoin quotidiennement pour ne pas finir en abricot sec. Mieux, sur ces 2,8%, seul 1/4 est situé dans des réservoirs accessibles (lacs, rivières, nappes phréatiques…) soit moins de 1%. Les êtres vivants terrestres dépendent de l’eau douce pour survivre. Nous les humains ne pouvons pas survivre plus de 3 jours sans boire d’eau, mais les amphibiens et certains insectes en dépendent non seulement pour boire mais aussi pour de se reproduire.

Cette eau douce met un certain temps à se former naturellement, via le cycle de l’eau : l’eau qui s’évapore des mers et des océans n’emporte pas avec elle le sel, l’eau dans l’atmosphère est déminéralisée. C’est seulement en retombant sous forme de pluie ou de neige et en circulant dans le sol et sur les roches qu’elle se charge en minéraux dont l’ensemble du vivant a besoin pour assurer le bon maintien de ses métabolismes.

Robinets pour canaliser une source d’eau en montagne
Eau salée de l’océan

L’humanité s’est approprié l’équivalent de la moitié du débit mondial de toutes les rivières et fleuves

Depuis plusieurs années, les besoins en eau douce des humains n’ont cessé de grandir et d’aller au-delà des ressources disponibles. En France, environ 32 milliards de m³ d’eau sont prélevés chaque année dans les milieux naturels pour répondre aux usages des humains dont 5,6 milliards de m³ seulement sont destinés à l’eau potable. Une étude dirigée par le professeur hydrologue Benjamin.W.Abbott et publiée dans Nature Geoscience en 2019 explique que pour répondre à ses besoins toujours plus grands, l’humanité s’est approprié l’équivalent de la moitié du débit mondial de toutes les rivières et de tous les fleuves. Ces excès ont un lien direct avec notre production de nourriture, et notamment notre nourriture carnée, mais aussi avec nos usages industriels et en matière de production d’énergie. Les effets du réchauffement et donc du dérèglement climatique impactent aussi grandement cette eau douce qui risque à l’avenir de manquer.

Eau verte, eau grise ou eau bleue : l’empreinte eau

Au même titre que sa cousine « l’empreinte carbone », « l’empreinte eau » est un concept qui a été étudié dans les années 2010 et qui représente la somme de 3 eaux différenciées : l’eau verte, l’eau bleue et l’eau grise. Comme on le ferait pour l’empreinte carbone, on peut ainsi également évaluer l’empreinte eau d’une entreprise, d’un pays, d’un individu ou d’une ville.

Eau verte : c’est l’eau contenue dans les sols qui est mobilisée par les plantes pour grandir. On la mesure à travers l’humidité naturelle des sols.

Eau bleue : c’est l’eau que l’on pompe pour tous les usages des humains (usages domestiques, agriculture, industrie, production d’énergie…)

Eau grise : ce sont les eaux altérées ou polluées rejetées dans nos cours d’eau, nappes et toute autre zone humide

Toutes ces eaux différenciées n’apparaissent pas dans le schéma classique du cycle de l’eau vu à l’école. De plus, dans les « plans eau » élaborés par les élu·es politiques et relayés dans les médias, la réflexion sur la consommation et l’usage de l’eau par les humains est essentiellement concentrée sur l’eau bleue, c’est ainsi une réflexion souvent très anthropocentrée qui omet les besoins du reste des êtres vivants, notamment ceux des milieux aquatiques dont nous dépendons pour vivre.

Petit rappel des services « écosystémiques » que nous apportent les zones humides :

Vidéo pédagogique de l’Agence de l’eau

Tout va à vau-l’eau ? les usages de l’eau

Dans son livre « L’Eau, fake or not« , l’hydrologue Charlène Descollonges compare la consommation de plusieurs habitants de divers pays sur 24h. Ainsi, un·e Congolais·e consomme 1500 L d’eau par jour, là où un·e Français·e consomme 4900 L d’eau, là où un·e Emirati·e en consomme plus de 8600L par jour (en incluant tous nos usages : nourriture, vêtements, habitat…). Autrement dit, plus on est riches, plus on consomme d’eau. Pour les Français·es, 95% de cette eau consommée est directement liée à notre alimentation, en particulier à l’alimentation carnée. Dans les foyers les plus modestes, chaque personne consomme en moyenne 35 000 L d’eau par an là où dans les familles les plus riches, on est plutôt à 85 000 L d’eau par an en moyenne.

Un hamburger = 1 695 L d’eau (source UNEP de l’ONU)

Depuis 60 ans, la consommation de viande mondiale a doublé. Les surfaces agricoles de cultures protéinées (maïs, soja, blé..) pour nourrir les animaux d’élevage ont triplé, et donc la consommation d’eau a triplé elle aussi pour suivre.

À partir des services des données et études statistiques données de l’Agreste et du Commissariat général au développement durable (CGDD) Vert le Média a réalisé un graphique pour représenter l’utilisation de l’eau en France où 4 milliards de m³ d’eau douce sont consommés chaque année. L’agriculture en est la première utilisatrice principalement pour l’irrigation des cultures destinées à nourrir les animaux d’élevage. Ces cultures sont majoritairement non indigènes, peu adaptées à nos climats et encore moins au réchauffement climatique (comme celle du maïs). Elles demandent ainsi une irrigation intensive, parfois de jour comme de nuit, et ce, encore davantage en période de sécheresse.

Schéma de Vert le Média sur la répartition de l’utilisation de l’eau en France

En France, manger beaucoup de viande est une tradition difficile à changer. D’après plusieurs articles du Monde sur le sujet datant respectivement de juin 2023 et juin 2024, la consommation de viande en France a tendance à augmenter et/ou à stagner là où dans la majorité des pays dans le monde elle aurait tendance à plutôt diminuer. Ainsi, entre 2013 et 2022, la consommation individuelle de viande a augmenté de 3 %, avec une hausse notable pour la volaille. La consommation fléchira légèrement de 1,7% en 2023 en grande partie à cause de l’inflation (+ 7,8 % pour le bœuf en 2023), car si la consommation de viandes bovine et porcine recule de 3,7 % en un an, la consommation de viande de poulet elle, augmente dans les mêmes proportions (+ 3,7 %).

Article du Monde – juin 2023

Article du Monde – juin 2024, 1 an après

On a poussé le bouchon un peu trop loin des bornes des limites du cycle de l’eau, Maurice

La notion de limites planétaires est développée depuis 2009 par le centre de recherche Stockholm Resilient Center. Il s’agit de neuf grands processus biophysiques et biochimiques interdépendants les uns des autres qui sont impliqués dans le fonctionnement général du « système Terre » : le climat, les forêts, l’eau douce, la biodiversité, l’acidification des océans, les cycles de l’azote, du phosphate, les pollutions chimiques, les aérosols émis dans l’atmosphère et la couche d’ozone.

Ces limites planétaires sont comme les organes vitaux pour le corps humain. Franchir chaque limite augmente ainsi le risque de déstabiliser l’environnement planétaire de manière irréversible, avec des impacts majeurs pour les êtres vivants, c’est ce que l’on appelle les points de bascule. Aujourd’hui, six limites planétaires sont dépassées dont celle du cycle de l’eau. Récemment en Antarctique, selon une étude publiée dans la revue Nature Geoscience datant du 25 juin 2024, un point de bascule va être franchi (Article BFM)

Pour le cycle de l’eau, Lan Wang-Erlandsson, co-autrice de l’étude sur les limites planétaires publiée dans la Revue Science, et chercheuse au Stockholm Resilient Center confiait au journal Reporterre : « Des changements dans le cycle de l’eau sont connus pour être associés à des points de bascule à l’échelle locale et régionale. Un exemple notable est le niveau de précipitations requis pour alimenter une forêt tropicale, en-dessous duquel ces forêts sont susceptibles de se transformer en savanes, dans un processus difficile à inverser ».

Miina Porkka, chercheuse à l’université finlandaise Aalto et autre co-autrice de cette même étude relate quant à elle que : « des dynamiques de basculement liées aux débits des cours d’eau ont été observées localement, généralement dues à une surexploitation de l’eau et/ou à des infrastructures hydrauliques, comme les barrages, qui affectent la connectivité des cours d’eau. Ces changements à l’échelle locale peuvent provoquer des changements à des échelles plus grandes, même si nous n’avons pas de preuves concluantes de tels enchaînements en cascade. Un exemple emblématique de basculement régional est le désastre de la mer d’Aral, où la surutilisation de l’eau pour l’irrigation a entraîné un appauvrissement important des lacs, l’effondrement de l’écosystème qui en a résulté et un changement climatique régional ».

Source Wikipédia : Vue satellite de la Mer d’Aral. Dans les années 1960, la mer d’Aral, encore alimentée par les puissants fleuves Amou-Daria et Syr-Daria, formait la 4eme plus vaste étendue lacustre du monde, avec une superficie de 66 458 km2. En 2000, cette superficie était divisée par deux. Cet assèchement est dû au détournement des deux fleuves pour produire du coton en masse.

Il fait chaud non ? Le réchauffement climatique

A cause du réchauffement climatique global, Emma Haziza hydrologue et experte dans le développement de stratégies pour la résilience des territoires face aux extrêmes climatiques, rappelle que depuis 2016, nous vivons en France et dans le monde, des cycles de sécheresses de plus en plus récurrents : sécheresses météorologiques (pas de pluie) qui durent et entrainent par la suite des sécheresses agricoles (sécheresses des sols) qui elles-mêmes entrainent le pire : des sécheresses hydrologiques généralisées en été mais aussi en hiver. Ces sécheresses répétées sont à l’origine de situations de crises parfois durables.

À l’inverse des sécheresses, une majorité de la France a subi un hiver et un printemps extrêmement pluvieux en 2023/2024. L’hydrologue rappelle que la France est une entrée océanique de l’Europe. À cause du réchauffement climatique, la condensation dans les nuages de l’eau augmente, créant des « rivières atmosphériques » qui viennent se déverser en quantité impressionnante sur des villes fortement minéralisées (bétonnées) où l’eau ne peut plus s’infiltrer naturellement, comme on a pu le voir en cet hiver 2023/2024, et ce, sur la durée. Ainsi, Emma Haziza explique qu’à l’avenir, et si rien n’est fait en matière de changement, la France pourra basculer de plus en plus régulièrement d’une situation de pluies intenses et d’inondations à une situation de sécheresses extrêmes, et ce, en quelques semaines seulement, comme nous avons pu le constater entre 2017 et 2022 avec les épisodes caniculaires et les dômes de chaleur.

Enfin, l’hydrologue nous apprend que la France se réchauffe 20% plus vite que les autres pays. Chaque mois, les records de températures mensuels et annuels s’enchainent.

Sources : Etude de l’organisation météorologique mondiale / Etude de météo France.

Article de Ouest France du lundi 20 mai 2024

L’eau qui court

Après une ou plusieurs sécheresses, hivernales et estivales, la fonction d’éponge naturelle des sols est abimée, ils n’absorbent plus les pluies, en particulier si ces dernières sont violentes et battent le sol. Si les sols sont bétonnés ou ne sont pas couverts avec des végétaux et particulièrement vivants afin d’être poreux (avec plein de petits trous laissés par les animaux du sol) les sols se lessivent, c’est à dire que leur couche de surface fertile est emportée par l’eau, vers les cours d’eau.

Une expérience simple démontre le lien entre déforestation et inondations. Deux bacs inclinés, l’un avec des plantes et l’autre avec juste de la terre. Deux personnes arrosent ensuite chacun un bac avec un arrosoir. Un tuyau dans chacun des bacs permet d’évacuer le surplus d’eau. On peut voir rapidement que le bac sans végétations et sans plantes retient moins bien l’eau. Le récipient est presque rempli, et l’eau contient de la terre. Alors que le récipient de l’autre bac est presque vide et l’eau est de couleur claire. Les plantes et les arbres protègent et réduisent l’érosion des sols, et ce, d’autant plus si les sols sont vivants et fertiles naturellement.

LE SAVEZ-VOUS ?

En ville, l’eau de pluie est avalée par les bouches d’égout et elle est rejetée dans le milieu naturel le plus proche…le plus souvent chargée de tout ce qui se trouvait sur la chaussée et les trottoirs, comme des mégots de cigarettes ou d’autres déchets, des hydrocarbures etc.

Les conclusions de l’hydrologue Emma Haziza s’appuient sur de nombreuses études scientifiques dont une nouvelle « Explore 2 » de l’INRAE  (l’Institut National de Recherche pour l’Agriculture, l’alimentation et l’Environnement) datant de juin 2024. Cette nouvelle étude se base sur des modèles climatiques régionaux, à plus petite résolution pour des résultats plus précis et annonce ainsi des hivers davantage pluvieux et des étés plus secs entrainant une répartition profondément inégale de la ressource en eau en France.

D’après une étude statistique de la pluviométrie en France métropolitaine, on constate une baisse de 14% de la ressource en eau douce renouvelable entre les périodes de 1990-2001 et 2018-2022. Cette baisse s’explique par une diminution des précipitations et une augmentation de l’évapotranspiration liée à l’élévation des températures en conséquence du réchauffement climatique.

A L O R S · O N · F A I T · Q U O I ?

La tech’ à la rescousse ?

Le problème des solutions dites technologiques est qu’elles sont souvent motivées bien plus par notre économie que par la question des besoins réels et des priorités qu’une société se souhaite. Pourtant dans les pays riches, et ce, depuis cinquante ans, nous avons atteint un niveau de confort inédit dans l’histoire de l’humanité. Les besoins vitaux des pays occidentaux sont largement satisfaits. Oui mais c’est sans compter sur les nouvelles technologies qui pourraient nous emmener encore plus loin, enfin surtout emmener plus loin notre économie à croissance infinie au détriment des ressources finies de notre Terre.

Dis Jamy, on a qu’à désaliniser l’eau de mer ?

La désalinisation de l’eau de mer est déjà pratiquée dans 15 906 usines réparties dans 177 pays en particulier dans les Emirats arabes unis et l’Arabie Saoudite. Elle est très coûteuse financièrement (l’usine de Barcelone est évaluée à 159 millions d’euros en investissement), en ressources (minerais pour construire ces nouvelles usines) et en énergie pour fonctionner avec émissions de gaz à effet de serre car fonctionnant aux énergies fossiles. Mais le plus problématique est la pollution qu’elle génère en raison notamment des rejets en mer de « saumure » ces sels mélangés à d’autres produits chimiques (chlore, produits antitartre, métaux issus de la corrosion, acide chlorhydrique…) pouvant provoquer une hypersalinité sur les côtes et une pollution intense qui tuent les écosystèmes littoraux. Le risque est à terme de créer des mini mers mortes sur le littoral.

Source : « Combien d’énergie faut-il pour dessaler de l’eau de mer? » Connaissance des Energies.

Mer Morte, surface chargée en sel

Je te tiens, tu me retiens par les réserves d’eau

Ces réserves d’eau agricoles ou mégabassines, au cœur d’une polémique autour du partage de l’eau, sont des systèmes creusés artificiellement qui peuvent retenir entre 100 000 m³ à plusieurs millions de m³. D’abord remplies en pompant l’eau des nappes en hiver, l’été venu, elles sont vidées pour irriguer des cultures gourmandes en eau. À court terme, les besoins sont satisfaits mais à plus long terme les conséquences sont majeures, durables et dramatiques comme on le voit actuellement en Espagne.

Ces retenues sont motivées par l’Etat qui, lors de restrictions d’eau au cours d’épisodes de sécheresses graves, interdit l’irrigation avec de l’eau provenant du réseau tandis que celle issue d’une source d’eau privatisée, elle, est autorisée.

Ces installations sont qualifiées par les scientifiques comme une « mal adaptation » au changement climatique pour plusieurs raisons :

  • la bonne conservation de cette eau n’est pas garantie : stockée à l’air libre, l’eau se réchauffe, s’évapore fortement et des algues peuvent s’y développer.
  • Dérèglement des cycles hydrogéologiques naturels : une nappe est un réservoir d’eau souvent connecté à d’autres réservoirs comme nous l’avons vu plus haut. Si l’on vide une nappe en hiver à une période où elle est supposée être abondante, on ne permet pas aux rivières et aux nappes situées en aval des pompages, de se recharger. Multipliés, ces réservoirs affaiblissent les recharges naturelles à tel point que les nappes se déconnectent de leurs cours d’eau en surface et/ou des autres mouvements d’eau souterrains. La nappe ainsi déconnectée perd sa capacité à se recharger durablement, phénomène aggravé par les sécheresses de plus en plus nombreuses et intenses dues au réchauffement climatique.
  • Un coût élevé en argent public pour les construire : récemment réévaluées à la hausse pour notamment inclure les frais de sécurisation des ouvrages, le coût par exemple des seize retenues d’eau de Sainte-Soline et ses environs dans les Deux-Sèvres est évalué à 76 millions par la Coop de l’eau 79, porteuse du projet. 70% du coût est assumé par de l’argent public. (Source Ouest France mars 2023)
  • Source d’injustice quant à l’usage de l’eau comme bien commun. Les usages de l’eau de ces retenues sont dédiés majoritairement à des cultures gourmandes en eau, comme celle du maïs, destinées non pas aux humains mais à l’exportation ou à l’alimentation des animaux d’élevage. En France, 70% des cultures irriguées sont destinées à l’exportation ou à l’alimentation du bétail et des volailles. (Source FAOstats)

L’Espagne a usé de ces réserves d’eau depuis les années 1950 jusqu’à ce que cette solution courtermiste se tarisse. Dans certaines régions, les phénomènes hydrogéologiques naturels impactés par ces retenues, capables d’ordinaire de stocker et de phytoépurer naturellement l’eau, ont pour beaucoup, disparus irrémédiablement : les points de bascule ont été atteints.

Cf. Mégabassines, barrages, comment ils s’assèchent l’Espagne – Reporterre, avril 2023

Chaine Bright Blue, La surexploitation des nappes phréatiques, quelles conséquences ?

Réutilisation des eaux usées et traitées, le petit cycle de l’eau

Sur le papier cette solution apparaît comme vertueuse et écologique, pourtant lorsque l’on creuse un peu, on s’aperçoit qu’elle est de la famille des solutions anthropocentrées.

Article du Courrier du Pays de Retz lors de l’épisode de sécheresse de l’été 2022 – 13 août 2022

Dans le cycle de l’eau, les hydrologues parlent aussi de « petits cycles de l’eau ». Il s’agit d’un cycle de prélèvement, d’utilisation et de traitement de l’eau, qui se répète plusieurs fois au cours du grand cycle en lui-même :

1 ֎ L’eau est prélevée en amont du bassin versant, dans les montagnes par exemple. L’eau est de bonne qualité,

2 ֎ L’eau est potabilisée puis stockée en vue de son utilisation, elle est utilisée

3 ֎ L’eau dite « usée » est assainie en station d’épuration avant d’être rejetée dans un cours d’eau ou dans la mer.

4 ֎ Les rivières et fleuves vont ensuite finir de dépolluer naturellement l’eau rejetée grâce aux écosystèmes aquatiques

En aval, une autre ville peut ainsi reproduire le petit cycle et ainsi de suite. Particulièrement en été, saison soumise de plus en plus à des sécheresses intenses et répétées, de nombreux cours d’eau et systèmes hydrologiques dépendent des rejets des stations d’épuration pour se maintenir.

Sauf que : si l’eau de rejet des stations est bloquée en amont afin d’être utilisée pour de l’irrigation de cultures agricoles ou l’arrosage d’un golf ou pour laver les voitures ou les rues, ce sont autant d’eaux qui ne retourneront plus dans les cours d’eau provoquant ainsi des assèchements en amont qui auront des répercutions en aval. De plus, quid des autres écosystèmes qui en dépendent en aval ?

Ainsi, si l’utilisation de ces eaux usées prélevées avant leur rejet en mer peut montrer un intérêt sur le littoral, elle ne peut se faire partout.

Station d’épuration, traitement des eaux usées

L’économie, cette ogresse de l’eau

Au vu des constats scientifiques, on pourrait attendre que les enjeux qui existent autour de la juste utilisation et répartition de l’eau fassent l’objet de débats approfondis au sein de notre société pour se poser des questions primordiales relatives aux besoins et aux usages. Cependant, la France n’a pour le moment pas de vision globale sur les risques pesant sur la ressource en eau à l’heure du changement climatique et ne prévoit pas forcément de remettre en question la répartition de l’eau ni de ses usages. Cette lacune prend certainement sa source dans le fait que c’est l’économie qui est la première consommatrice d’eau sur la planète : pour l’agriculture (58%), pour produire des biens de consommation, de l’énergie, de l’eau potable etc. Pas d’eau = pas d’économie capitaliste.

En France, près des 3/4 de l’eau douce pompée alimentent l’économie pour produire de l’énergie, des biens industriels et des produits alimentaires.

L E S · S O L U T I O N S · S O N T · D A N S · L A · N A T U R E

Maintenant que nous sommes bien tous et toutes déprimé-es, que faire d’abord à grande échelle ?

1 – Boire ou produire, il faut choisir

Penser collectivement la ressource, penser la manière la plus juste de réduire nos besoins et répartir la ressource. Pour l’agriculture, qui voulons-nous nourrir ? les habitants de notre communauté, région, les Français·es, le monde ? Relocaliser certaines de nos industries en France implique une utilisation d’eau augmentée, il est alors primordial de repenser nos besoins industriels essentiels. Tous ces choix de société doivent absolument tenir compte des besoins en eau des hydrosystèmes naturels, car nous dépendons d’eux.

En France, il existe par exemple 477 parlements de l’eau, soit autant d’assemblées locales faites de citoyens et citoyennes qui ont pour but de penser le partage de la ressource en eau. C’est dans ce cadre que se discutent tous les projets ayant un impact sur la ressource en eau.

Exemple : en Haute-Savoie à Saint-Julien-en-Genevois, la commune cherche à atteindre l’objectif réglementaire européen de « bon état écologique » de la rivière de l’Aire. Les élu·es ont ainsi mis en place un projet de renaturation mené par un comité de pilotage citoyen. A la clé, une réappropriation d’un bien commun par les habitants pour une reconnexion totale à leur rivière avec des événements festifs et animations prévus.

2 – Soigner l’eau, l’hydrologie régénératrice

Elle consiste à régénérer les cycles de l’eau douce par des aménagements ingénieux du territoire s’inspirant de la nature comme : densifier la végétation et notamment celle des haies, couverts végétaux dense, ralentir et répartir les flux et les ruissellements via des noues, baissières ou encore « jardins de pluies » pour que l’eau s’infiltre dans le sol plutôt que de ruisseler. Enormément d’idées existent dans le monde comme le « Keyline design », la permaculture, les méthodes d’agriculture et de conservation des sols, l’agroforesterie etc.

En France, ces techniques s’étendent progressivement mais sont encore peu soutenues par les pouvoirs publics.

Meilleur partage de l’eau
Renaturation des zones humides
Rivière canalisée à renaturer ?

3- Ouvrez la cage aux ruisseaux, libre circulation de l’eau

Depuis des décennies, des cours d’eau ont été canalisés, dragués, et des zones humides asséchées. Ainsi, renaturer et réensauvager les rivières est en route un peu partout en Europe, et ça marche ! Ces actions permettent de rétablir le système hydrographique naturel et les fonctionnalités écologiques qui vont avec : lutte contre l’érosion, effet éponge lors de crues, épuration, biodiversité, absorption de GES (Gaz à effet de Serre) etc.

Rappel : Les élu.es locaux pilotent les choix d’aménagement du territoire à différentes échelles, de communale à régionale. Ils et elles peuvent ainsi orienter les choix vers des solutions favorables au cycle de l’eau et à sa libre circulation comme :

-débitumer les villes pour favoriser l’infiltration de l’eau dans les sols (eau verte) avec des fossés végétalisés dits aussi « jardins de pluie » où l’eau peut s’infiltrer,

-arrêter l’artificialisation des sols en particulier sur des zones naturelles et agricoles

-favoriser des projets d’aménagement sur pilotis, végétaliser les cours d’écoles, faire de la tonte différenciée, planter des haies avec des essences indigènes qui aident à l’infiltration et à la phytoépuration naturelle de l’eau etc.

4 – La grande déclaration des droits des rivières

Adopter une déclaration universelle des droits des rivières et des glaciers comme pour les fleuves Whanganui en Nouvelle-Zélande, l’Atrato en Colombie ou plus récemment la lagune Mar Menor en Espagne, ou encore les glaciers en Antarctique. Nous pouvons reconnaître les fleuves et glaciers comme des sujets de droit afin de faciliter leur protection et éviter ainsi tout projet d’aménagement qui les impacterait (barrages, retenues…).

Repenser notre alimentation, sa production
Ver de terre, principal acteur de la fertilité des sols
Irrigation de maïs

5 – Repenser notre agriculture

Il est urgent de rendre notre manière de produire de la nourriture plus résiliente aux sécheresses, aux inondations et à l’érosion des sols. Mais surtout encore une fois de penser l’agriculture autour de la question primordiale : qui souhaitons nous nourrir et comment ? Les Françaises et Français ou l’économie via l’exportation ? Les réponses à cette question sont à la base de toute la gestion et de la distribution de l’eau.

Les Plans Alimentaires Territoriaux (PAT) ont pour objectif de relocaliser l’agriculture sur les localités afin de redimensionner l’agriculture à une dimension locale et à échelle plus humaine. Les PAT sont des outils qui mériteraient d’être généralisés.

Passer d’une agriculture intensive à une agriculture agroécologique. Laisser faire les écosystèmes naturels qui s’organisent et s’adaptent aux changements depuis des milliards d’années et préférer le faire avec ces écosystèmes plutôt que de prétendre à la maîtrise et à la domination de la nature. Ainsi, restaurer les zones humides et les mares, planter des haies pour retrouver la culture qualitative bocagère, couvrir les sols, utiliser les engrais verts entre deux cultures, repenser la part de l’élevage, réduire drastiquement les cultures gourmandes en eau et non adaptées à nos climats, réduire la taille des exploitations etc. Toutes ces mesures, en plus d’apporter une meilleure gestion de l’eau, protègent la biodiversité, mieux, elles la favorisent. Ces aménagements participent à piéger le carbone dans les sols, favorisent la phytoépuration naturelle de l’eau et aident à son infiltration et à sa conservation dans les sols grâce à la vie foisonnante qui les habite.

Enfin, sur le plan européen, nous aurions besoin d’une PAC qui encourage, accompagne et soutient ce mouvement de transformation à large échelle. Aujourd’hui, la PAC encourage plutôt l’agrandissement, la mécanisation, la création de grandes réserves d’eau pour l’irrigation, et surtout, encourage un endettement généralisé à haut niveau pour les agriculteurs et agricultrices, un agrandissement des terres et une difficulté supplémentaire pour les jeunes qui voudraient s’installer mais ne peuvent acheter des fermes toujours plus vastes.

Sources : Rapport 2023 Terres de Lien / Idées du Collectif Nourrir pour une autre PAC

6 – Calmer l’économie

Comme le rappelle Charlène Descollonges dans son livre « L’eau, fake or not », nous ne parviendrons pas à sauvegarder la ressource en eau sans repenser profondément notre modèle économique global et ses besoins colossaux. Les entreprises peuvent calculer leur empreinte eau et l’on peut ensuite imaginer des fixations de limites de consommation et de rejets de polluants. L’étape suivante est une incitation massive à la réutilisation de l’eau à chaque fois que c’est possible. Enfin, les entreprises peuvent ainsi intégrer la notion d’eau verte (celle dans les sols utilisées par les plantes et le vivant) et orienter ainsi leur économie vers des activités de soutien et de restauration du grand cycle de l’eau, par exemple : les industries agroalimentaires peuvent décider de s’approvisionner chez des producteurs fortement engagés qui régénèrent les sols, l’eau et favorisent la biodiversité.

Repenser notre alimentation, sa production
Dialoguer avec nos élu·es qui nous représentent dans notre démocratie et ont comme devoir de défendre les biens communs
Stopper la spéculation sur l’eau, les céréales, la production de nourriture, et relocaliser notre alimentation

7 – Stopper la spéculation sur l’eau

Le 7 décembre 2020, l’eau a fait son entrée sur les marchés financiers de Chicago. L’eau est financiarisée au même titre que le pétrole, les céréales ou le cuivre, on spécule sur un bien commun pour en retirer de l’argent. Désormais, en cas de sécheresse, la valeur boursière de l’eau augmente et certains petits agriculteurs ou agricultrices ne peuvent plus acheter de l’eau, seuls les gros qui ont les moyens irriguent des monocultures souvent destinées à l’élevage et/ou à l’exportation. Les investisseurs privés s’enrichissent ainsi grâce à l’eau !

En Europe, des ONG et des initiatives citoyennes bloquent la financiarisation de l’eau afin qu’elle reste un bien public. Ainsi pour le moment, l’eau européenne n’est pas encore une valeur boursière.

8 – Encourager nos élu·es à agir

Les collectivités locales ont les moyens de protéger l’eau, ou pas. Ils et elles peuvent opérer sur plusieurs niveaux, sur le plan communal jusqu’à l’échelle régionale, et sur plusieurs points cruciaux :

  • l’eau potable
  • l’assainissement
  • la gestion des eaux pluviales et des milieux aquatiques
  • bloquer ou abandonner des projets qui altèrent le cycle de l’eau ou la ressource

Les Agences de l’eau reçoivent des redevances via nos factures d’eau et via les taxes des entreprises. Elles versent ainsi plus de 90% de ces recettes aux collectivités sous forme de subventions. Cet argent a comme objectif de payer l’eau, mais une nouvelle taxe en 2024 est censée apparaître afin de « payer aussi la restauration de la biodiversité » lorsque celle-ci est atteinte par une activité.

Pour rappel, ce sont les collectivités qui fixent le prix de l’eau potable et de l’assainissement. Les élu·es peuvent mettre en place une tarification sociale croissante en fonction de la consommation d’eau. Plus on est riche, et plus on a tendance à consommer de l’eau. Une tarification différenciée en fonction de la consommation permettrait de rendre par exemple les premiers mètres cubes d’eau distribués vitaux très peu chers voire gratuits, et bien plus onéreux ceux consommés en grande quantité pour des utilisations de loisirs ou de confort (piscine, arrosage…). Cette solution a été testée depuis 2015 dans une cinquantaine de communes avec de très bons résultats.

Source : Observatoire national de l’eau « Rapport d’analyse de l’expérimentation pour une tarification sociale de l’eau »

E T · D A N S · M O N · Q U O T I D I E N ?

Bon, rien de bien étonnant, les solutions à large échelle sont connues de beaucoup de nos dirigeant·es, à nous de les connaître en tant que citoyens et citoyennes afin de veiller à leur application. Aussi, il est bien évidemment primordial de veiller à notre consommation d’eau à la maison, et ce, à toutes les échelles : pour boire, laver, cuisiner, mais surtout surtout surtout pour produire l’énergie, les biens et les services que l’on achète tous les jours mais aussi pour produire la nourriture que l’on mange…

Charlène Descollonges rappelle que « l’eau qui fait pousser les avocats à l’autre bout de la planète, c’est nous qui la mangeons, étalée sur nos toasts. » L’eau qui arrose les champs de maïs pour nourrir les vaches qui fournissent le burger au dîner, pareil, c’est nous qui la mangeons. L’eau qui a produit le coton de notre tee-shirt ou de notre jean à l’autre bout de la planète, l’eau qui permet aux barrages de produire de l’électricité et aux centrales nucléaires de refroidir leurs réacteurs, pareil, c’est nous qui l’utilisons avec l’interrupteur.

Réduire notre consommation d’eau potable à la maison c’est la base mais pour vraiment agir, il faut agir sur l’eau invisible qui assure notre mode de vie et notre confort.

Vous l’aurez compris, le mot d’ordre pour tout c’est le mot « sobriété ».

=> 1 0 G E S T E S – Q U E – J E – C O M M E N C E -C E – J O U R

1- Je calcule mon empreinte eau sur http://www.empreinteh2o.com/

2 – Je bois l’eau du robinet, je préserve l’eau de source qui a le droit et devoir de pouvoir librement s’écouler là où elle est plutôt que d’être privatisée en eau en bouteille. En fonction de la qualité de l’eau du robinet, il existe aussi des filtres à charbon efficaces et faciles à installer sur les robinets.

3 – J’économise chaque goutte : mousseurs, récupérateurs d’eau au jardin, je lave moins mes affaires, je prends des douches (et pas tous les jours) et pas de bains, je fais la vaisselle avec une bassine, je passe aux toilettes sèches etc.

4 – Je consomme moins de manière générale, et ainsi je consomme moins d’eau nécessaire à l’économie de surconsommation

5 – Je jardine sans eau, avec du paillage, une tonte différenciée, des récupérateurs d’eau, un sol vivant.

6 – Je végétalise mon alimentation afin de « manger moins d’eau », je mange moins de viande en la remplaçant par des légumineuses et en boycottant les produits ultra transformés ou les fast-foods. Un régime végétarien réduit son empreinte eau de 1 650 litres PAR JOUR. C’est 602 250 litres d’eau par an qui pourraient retourner aux sols, rivières et nappes !

7 – Je dépollue mon intérieur, j’utilise le moins de produits chimiques possible dans mes produits ménagers en les remplaçant par du savon noir, de Marseille ou du vinaigre blanc (plein d’astuces données par le groupe éco-gestes sur le sujet !) et j’évite les textiles synthétiques issus de la pétrochimie (vêtements en polaire ou pour le sport par exemple) qui polluent l’eau à chaque lavage en microparticules de plastique.

8 – Je refais du lien avec mes élu·es, je discute avec elles et eux, je propose et participe avec d’autres citoyens et citoyennes, et sinon à défaut, je mets la pression pour qu’ils et elles agissent dans le bon sens. On peut militer mais aussi s’engager dans un parlement de l’eau ou en créer un, soutenir des associations qui s’engagent.

9 – Je m’informe (toujours toujours toujours) via un maximum de médias indépendants, sur l’écologie, les sciences … quotidiennement. Et si mon porte-monnaie le permet, je les soutiens financièrement. Je participe à un maximum de sorties nature avec les assos naturalistes comme Hirondelle, LPO, Bretagne Vivante, les CPIE etc. pour mieux connaître mes co-habitants de cette Terre, leur fonctionnement.

Exemples de média spécialisés dans l’écologie : Vert le Média, la Terre au carré sur France Inter, Reporterre

10 – Je change de vie ? Je change de travail si celui-ci participe au problème et si socialement c’est dans mes possibilités, j’essaie dans la mesure du possible d’avoir une action positive sur le monde à la hauteur du changement globale dont on a besoin.


A · V O U S · D E · J O U E R !


Définitions :

  • Cellules procaryotes : cellules plutôt primitives qui n’ont pas de noyau et qui regroupent principalement les bactéries.
  • Photosynthèse : processus via lequel certains être vivants comme les plantes, parviennent à transformer l’énergie lumineuse du soleil en énergie chimique, c’est-à-dire principalement en sucre. Ce phénomène s’accompagne de l’absorption de dioxyde de carbone (CO2) et de la production de dioxygène (O2) en retour.
  • Hydrosystème : écosystème formé par le réseau hydrographique d’un cours d’eau.

Bibliographie :

Reportage, documentaires, vidéos, formations :

Presse :

Livres :

  • L’eau, fake or not de Charlène Descollonges – éditions Tana mai 2023

Magazine :

  • S+ La Salamandre sur l’eau (parution en septembre 2024, précommande possible ICI)

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