Dimanche 1er mai était le top départ d’une longue expédition d’un mélange de recherche scientifique, de rencontres et de production de récit artistique dévoué à la Loire et à sa préservation. Jusqu’à fin juillet, Baraba Réthoré et Julien Chapuis sillonneront la Loire pour y faire une série de prélèvements pour des analyses fines de biodiversité et de microplastiques. Par cette descente de la Loire ces deux naturalistes cherchent aussi à faire émerger une culture vivante du fleuve et enfin relier nos modes de vie à la vie du fleuve.
Cette descente sera ponctuée d’étapes de restitution, et d’échanges autour du fleuve. Elle se terminera par un grand moment à Paimboeuf autour d’ateliers et d’animations pour célébrer et défendre la valeur infinie de ce monde sinueux.
La Loire est le plus grand réseau hydrologique français. Son bassin versant, c’est à dire l’espace sur lequel toute goutte d’eau s’écoulera vers lui si elle ne s’évapore pas entre temps, représente 1/5 du territoire national ! C’est aussi un espace vivant, long et varié, reliant des montagnes parfois escarpées en gorges aux réseaux humides et plats de l’estuaire. La biodiversité qu’il nourrit est fantastique, et pourtant, il a souvent été et continue d’être malmené par l’urbanité (urbanisme, industrie, tourisme, agriculture…). Il faut le reconnaître, nous disent les deux naturalistes, la Loire n’est plus sauvage : en témoignent aussi ses digues, ponts, les aménagements de drainages de ses rives ou de chenalisation (remblaiement de ses bras pour un écoulement linéaire).
Un observatoire des vies du fleuve
Barbara et Julien proposent tout au long de ce périple de nous essayer à changer de regard, à l’affiner et à l’enrichir. Leur approche choisit de mêler le scientifique au sensible, associer l’étude d’ADN environnementale ou l’étude des microplastiques et les art. Iels nous invitent à nous pencher sur cette « culture vivante du fleuve », présente, passée et à venir. Cela veut dire changer de rythme, observer et confronter les modes de vie de ceux et celles qui font ce fleuve, humain.nes ou non humain.es et s’en nourrir pour nos réflexions d’un monde possible.
Écouter, comprendre et parler Loire
Ce projet s’articule en 3 volets : une base flottante avec des relevés d’ADN environnemental et des microplastiques, un volet artistique sous forme de résidence flottante de création.s et enfin un volet de médiation, de récit, d’immersion et de transmission.
L’ADN environnemental devrait capter les traces des êtres vivants qui habitent le fleuve et permettra de les identifier. Ces traces seront récupérées à l’aide de prélèvements de sols, sédiments, fèces ou d’eau. C’est une méthode de pointe, récente qui peut-être nous permettra de retrouver des marques de présence du Balbusard pécheur, du sonneur à ventre jaune ou de la Loutre d’Europe ? Ou encore de nouvelles espèces jusqu’alors inconnues ?
Le suivi des microplastiques a pour objectif de comprendre l’origine, le devenir et l’impact de la pollution plastique en Loire. Chaque année, 8 millions de tonnes de plastiques seraient déversées dans l’océan. 80 % proviennent de la terre et transite notamment par les fleuves. Sous l’effet du soleil, des microorganismes ou des contraintes du milieu, ceux-ci se dégradent et se retrouvent dans toute la chaine alimentaire…
La résidence flottante propose à des artistes et penseur.ses aux horizons et sensibilités variées d’enquêter, d’expérimenter et de créer non pas sur, mais avec la Loire et ses composantes vivantes et non vivantes (microplastiques et polluants). Que va devenir la Loire ? Comment tisser de nouvelles solidarités et des attachements réciproques amont et aval ? Comment défendre le fleuve ?
La médiation au fil de l’eau devra partager ce que « la Loire a à nous dire ». Selon l’équipe de Loire Sentinelle, en faisant dialoguer chercheur.ses, auteur.rices, artistes, militant.es et citoyen.nes nous pourrons repenser nos modes de vie non plus à l’encontre du fleuve mais avec lui. Pour rendre accessible toute la complexité du fleuve et ses menaces, il y aurait des projections, une web série, une exposition itinérante, des rencontres, des événements…et plusieurs temps forts, dont un sur l’estuaire.
Un temps fort à Paimboeuf avec Bretagne Vivante
Les 23 et 24 juillet prochains, Barbara et Julien devraient arriver à Paimboeuf sur la fin de leur voyage. Une dernière mesure sera prise à Saint-Brevin-les-pins. L’estuaire est un territoire essentiel pour la vie du fleuve. C’est là que se rejoignent toutes les gouttes du fleuve et de ses affluents C’est donc aussi un territoire essentiel en ce qui concerne les pressions qui pèsent sur lui.
Une manifestation festive devrait avoir lieue à Paimboeuf pour célébrer le fleuve, parler de sa préservation avec des associations engagées sur le terrain, échanger avec des écrivain.es de la région et faire découvrir ses richesses vivantes au plus grand nombre !
L’événement est encore en élaboration, alors n’hésitez pas à faire signe si vous voulez le soutenir, proposer des idées ou du temps ! Et sinon, au 23 et 24 juillet proche de Paimboeuf !
Pour plus d’information, voir le site internet de l’équipe : https://www.natexplorers.fr/
Pour aller plus loin, un podcast d’une descente de la Loire, par l’émission la Terre au Carrée sur France inter : Nul n’est censé ignorer la Loire